La majorité des opérateurs télécom sont désormais convaincus que les technologies de classification du trafic internet et d’intelligence réseau sont indispensables au bon fonctionnement des réseaux. Explications avec Thibaut Bechetoille, Président du Directoire de Qosmos, leader mondial de l’intelligence réseau embarquée.
Propos recueillis par Philippe Richard
Pouvez-vous nous présenter votre activité ?
Depuis 2007, nous apportons une couche d’intelligence entre le réseau IP et les applications connectées. Nos composants et kits de développement logiciels sont capables de reconnaître des milliers de protocoles de communication et d’attributs protocolaires (métadonnées). Le résultat de cette analyse constitue une couche d’information qui donne une visibilité en temps réel sur les données qui transitent dans les réseaux. Les équipementiers, éditeurs et intégrateurs informatiques utilisent Qosmos pour bénéficier d’une intelligence réseau en temps réel, réduire les délais de mise sur le marché et assurer une mise à jour permanente de la reconnaissance protocolaire.
Nous vendons notre technologie à 70 entreprises (trois des six plus grands équipementiers télécom travaillent avec Qosmos) qui souhaitent bénéficier d’une visibilité applicative en temps réel pour des usages variés tels que de l’optimisation de flux, de la qualité de service, de l’analyse d’usage, ou encore de la cybersécurité. . C’est un métier complexe. C’est la raison pour laquelle de nombreux opérateurs télécom et équipementiers ont choisi d’externaliser la technologie d’intelligence réseau. La majorité d’entre eux préfère faire appel à un pure-player de l’intelligence réseau, car c’est un domaine en constante évolution. Nous avons en quelque sorte créé ce marché.
Quels sont les atouts de Qosmos ?
Nous sommes des experts réseau. La forte valeur ajoutée que nous apportons à nos clients repose notamment sur les éléments suivants : une notion de time to market, une notion de nombre de protocoles reconnus et de capacité d’extraction des métadonnées, une notion de performance des réseaux et des applications. Nous avons d’ailleurs beaucoup investi dans ce dernier domaine.
Vis-à-vis de nos clients, nous sommes un partenaire stratégique, car nous développons ensemble des produits et des fonctionnalités. Nous essayons de nous rapprocher de nos clients en investissant beaucoup plus dans la proximité. Dès lors, tous les marchés vont nous intéresser. Par exemple, l’Internet des objets qui a une problématique de sécurité particulière s’appuie sur différents protocoles qu’il convient de connaître et de maitriser. Nous pourrions jouer un rôle dans les interconnexions industrielles.
Comment voyez-vous votre marché à moyen et long termes ?
La tendance majeure est la virtualisation des réseaux comme le NFV (Network Function Virtualization) lancée par l’industrie en 2012 afin de renforcer son indépendance. Or, notre stratégie est parfaitement en phase avec ce basculement vers des réseaux dématérialisés. Nos produits apportent l’intelligence applicative embarquée nécessaire dans les nouveaux environnements SDN (Software Defined Networks) et NFV. C’est la raison pour laquelle nous avons rejoint de nombreux écosystèmes tels que CloudBand, une communauté ouverte de fournisseurs de services, de plate-formes NFV partenaires et de vendeurs de fonctions réseaux virtualisées créée par Alcatel-Lucent, dans le but d’accélérer l’adoption de la virtualisation des fonctions réseau (NFV) par le marché.
De très nombreuses entreprises considèrent que les commutateurs virtuels (vSwitch) seront importants dans la conception future des produits et que l’intégration d’une intelligence applicative sera déterminante.
N’importe quelle fonction réseau devient une fonction logicielle. Or, les opérateurs veulent configurer les réseaux de façon plus flexible par rapport aux applications qui y circulent et par rapport aux individus eux-mêmes. Il est indispensable de qualifier le trafic.
90 % de votre activité est à l’étranger. Quels sont vos objectifs ?
En effet, nous ne vendons pratiquement qu’à l’international par le biais principalement de notre importante filiale installée dans la Silicon Valley. Notre activité commerciale se répartit essentiellement entre la Californie, la Scandinavie et le Japon. La Corée du Sud nous intéresse, mais nous n’avons pas encore eu le succès escompté. Notre objectif est également de nous rapprocher des opérateurs ou des entreprises pour plus de proximité avec des clients finaux.
Dans ces conditions, pourquoi ne pas « solder » vos activités en France ?
J’ai commencé ma carrière dans la Silicon Valley et je suis revenu en France pour des raisons personnelles. 80 % des collaborateurs de Qosmos sont en France. Pour l’instant, nous restons ici.