Dès que vous laissez un commentaire sur un blog ou un réseau social vous alimentez votre image numérique. Mais une parfaite gestion de sa e-reputation est indispensable. Selon la CNIL, « l’e-réputation est l’image numérique d’une personne sur Internet. Cette e-réputation est entretenue par tout ce qui concerne cette personne et qui est mis en ligne sur les réseaux sociaux, les blogs ou les plates-formes de partage de vidéos. » Cette définition révèle, implicitement, le caractère ambigu de l’image numérique sur le web.
D’un côté, il y a la facilité à exprimer ses opinions sur de nombreux sites. Le narcissisme, plus ou moins élevé de chacun, incite à multiplier les avis sur des sujets que lon maîtrise plus ou moins et à s’exprimer rapidement sans prendre le temps de la réflexion. L’internet mobile, renforcé par le succès des smartphones et des tablettes, encourage ces réflexes.
D’un autre côté, il y a la difficulté à contrôler toutes les traces laissées plus ou moins consciemment sur la toile. Car au-delà des commentaires, c’est l’image de soi que l’on projette qui peut avoir des conséquences positives ou négatives vis-à-vis de son entreprise, d’un potentiel employeur ou d’un investisseur. À l’heure du web, une image peut être vite ternie. « Il faut 20 ans pour construire une réputation, 5 minutes pour la détruire », rappelle Warren Buffet. Et la montée en puissance des réseaux sociaux multiplie les risques d’injure, de diffamation, d’atteinte à la représentation de la personne, de collecte de données à caractère personnel à Gérer son « identité numérique » doit donc devenir une préoccupation majeure. Cette obligation vaut aussi bien pour le salarié que pour l’entreprise. Ce sujet étant vaste et ne recouvrant pas les mêmes préoccupations, nous axerons cet article sur l’image numérique d’une personne physique (patron, salarié). L’e-reputation d’une entreprise fera l’objet d’un article dans la prochaine newsletter.
Nos traces sur Internet
Pour bien comprendre les enjeux de l’e-reputation, il faut commencer par rappeler que tout internaute laisse de nombreuses traces sur le web. Les supports sont nombreux et variés :
– Publication de contenus : blog, encyclopédies collaboratives (comme Wikipédia), plate-forme de FAQ collaborative (Yahoo! Answers, Google Answers) ;
– Partage de contenus : photos, vidéos ou liens ;
Publication d’avis sur des produits, des services, des prestations ;
Participation à des réseaux sociaux : sur un thème particulier, entre professionnels (via LinkedIn et Viadeo notamment) ou sur des thèmes universels (sur Facebook entre autres) ;
etc.
Certaines traces sont neutres ou insignifiantes. D’autres peuvent avoir un impact sur la vie professionnelle. Une analyse fine (des requêtes précises sur Google et 123people donnent de surprenants résultats…) de vos diverses participations sur ces supports permet aussi de reconstituer votre « réelle » identité (âge, formation, adresse…), de connaître vos attentes et souhaits, vos frustrations… Autant d’éléments qui peuvent intéresser votre direction, vos concurrents, vos collègues ou des cabinets de recrutement.
Plus on participe sur le web, plus on expose sa vie numérique et donc sa réelle identité.
D’où la nécessité de contrôler sa e-réputation
La CNIL recommande de taper régulièrement son nom dans un moteur de recherche pour voir quelles informations nous concernant circulent sur Internet. Google a mis en place un outil intitulé « Ma présence sur le Web », qui facilite la gestion de son identité en ligne et assure une surveillance sur ce que « les autres voient lorsqu’ils effectuent des recherches à votre sujet sur Google ».
Cet outil reprend notamment le principe des alertes Google, en permettant de paramétrer facilement des notifications qui préviennent (par email) l’utilisateur lorsqu’il est fait mention de son nom, de son adresse email ou d’autres données en ligne. Il suffit d’utiliser cet outil pour se rendre compte immédiatement que plusieurs de vos données personnelles (comme les numéros de téléphone fixe et mobile) circulent sur le web…
Porter plainte
Cette simple vérification confirme qu’il faut être très prudent avant de taper son adresse email ou son numéro de téléphone sur un blog, un réseau social (de nombreux forums ont mis en place des outils qui analysent les commentaires en temps réel et avertissent – ou suppriment automatiquement – toute adresse électronique affichée) ou une liste de discussion.
Si vos recherches révèlent des propos diffamatoires, injurieux, racistes ou calomnieux, il ne faut pas hésiter à contacter les responsables du site pour qu’ils suppriment ces données. Si dans un délai légal de 2 mois après l’envoi de la demande, le site reste sourd à vos requêtes, vous pouvez saisir la CNIL et porter plainte en ligne à cette adresse : http://www.cnil.fr/vos-libertes/plainte-en-ligne. La tenue sur Internet de tels propos peut en effet être poursuivie pénalement. Cependant, dans certains cas, il peut s’avérer très difficile de contraindre un site à retirer du contenu, surtout si celui-ci est hébergé hors de l’Union européenne.
Autre solution : souscrire à une assurance e-reputation. L’assureur Swiss Life, en partenariat avec l’agence de réputation en ligne Reputation Squad, propose une assurance e-reputation. Facturée 9,90 euros/mois, elle assure « une garantie complète ». L’assureur met « à votre disposition les moyens juridiques et financiers qui vous sont nécessaires pour vous renseigner, vous assister et vous défendre, en cas d’atteinte à votre réputation dans le cadre de votre vie privée ». Il faut néanmoins lire attentivement les Conditions générales car de nombreux « Événements (sont) exclus » : « lorsque la diffusion d’informations est effectuée sur un autre support de communication qu’Internet ; Lorsque les informations diffusées ne comportent pas d’éléments nominatifs vous concernant ; Lorsque le litige découle d’information(s) concernant votre activité professionnelle et ne se rapportant pas à votre vie privée… »