Distributions Linux : des atouts pour les entreprises

Reconnues pour leurs stabilité et souplesse, les distributions GNU/Linux séduisent de plus en plus de professionnels. Mais pour les entreprises qui souhaitent franchir le pas, l’offre très importante peut paraître comme un obstacle majeur. Voici un mini-guide pour faire le bon choix.

 

 

En micro-informatique, Microsoft n’a pas de concurrents capables de le détrôner. La très grande majorité des PC des particuliers et des entreprises fonctionnent sous Windows. Fin juillet, l »éditeur proposera Windows 10.
À cette occasion, des entreprises pourraient envisager de migrer vers ce nouvel OS (Operating system). Mais sa sortie peut être également l’occasion de se demander s’il n’existe pas des alternatives. Or, justement, il existe un autre monde que celui de Microsoft (et dans une moindre mesure d’Apple) : les distributions GNU/Linux.
Avant de présenter celles qui sont adaptées aux besoins spécifiques des professionnels, voici un bref rappel historique avec deux personnages-clés. Au début des années 70, Richard Stallman, un étudiant en physique et en mathématiques entre au département de recherche en intelligence artificielle du MIT (Massachusetts Institute of Technology), un groupe de chercheurs utilisant exclusivement des programmes non propriétaires. En janvier 1984, il démissionne de son poste et commence à écrire les logiciels du projet GNU (GNU signifiant « GNU’s Not Unix ») afin de développer un système d’exploitation (OS). Un an plus tard, il créé avec d’autres informaticiens la Free Software Foundation (Fondation pour le logiciel libre), une association à but non lucratif.
En avril 1991, Linus Torvalds, un informaticien américano-finlandais, commence le développement de Linux, un noyau compatible avec Unix (un OS créé en 1969). Quelques mois plus tard, il le met à la disposition de la communauté, le jour de la commercialisation de… MS-DOS 5.0 de Microsoft. Depuis, des milliers de programmeurs bénévoles participent à l’enrichissement de ce noyau.
La combinaison GNU/Linux a donné naissance à des dizaines de distributions informatiques dont la plus connue du grand public s’appelle Ubuntu. Ce système d’exploitation complet permet de faire la même chose qu’avec Windows (bureautique, internet, multimédia…). Mais il existe aussi des versions mieux adaptées aux exigences des entreprises.

 

Debian

Commençons par la plus ancienne distribution GNU/Linux. Le projet Debian a été officiellement fondé par Ian Murdock le 16 août 1993. À cette époque, le concept de « distribution » Linux était totalement nouveau. Ian Murdock avait l’intention de faire de Debian une distribution qui serait réalisée de manière ouverte, dans l’esprit de Linux et de GNU. À l’opposé de ses concurrentes que sont Red Hat et SuSE notamment, elle n’est pas le produit d’une entreprise privée et n’a pas pour unique cible les architectures Intel et le noyau Linux. Debian est le fruit du travail d’une association internationale structurée et bien organisée ayant pour objectif et slogan « Debian : un système d’exploitation universel ».
Depuis, ce projet a fait ses preuves. Selon une étude de la société W3Techs, en 2012, Debian fait tourner un site sur 10 parmi ceux classés dans le Top 10 des plus populaires. Debian est particulièrement populaire en Europe et notamment en France où 33,5 % des sites en. fr utilisent des serveurs qui s’appuient sur cette distribution, tout OS confondu (Windows Server, etc.). Soit plus de 3 fois la moyenne mondiale.
Cette brève présentation devrait encourager les entreprises à franchir le pas d’autant que Debian peut très bien rivaliser avec Windows.
Le projet Debian et sa communauté ont beaucoup évolué. À la différence de Windows 8, occupant une dizaine de Go sur le disque dur, Debian ne prend que 3 Go environ et supporte beaucoup plus d’architectures. Autre point important pour les PME : il est peu probable que certains « vieux » périphériques (lecteur de code-barre, contrôle de machines-outils, table de dessin, imprimante matricielle…) marchent encore sous Windows 8 ou 10 alors qu’ils peuvent servir sous GNU/Linux.
Windows 8 et 10 permettent de chiffrer des fichiers, de profiter de configurations avancées pour les sauvegardes et de fonctionnalités réseau plus complexes. Autant d’options intéressantes pour les professionnels ? « À vrai dire, Debian inclut des outils similaires depuis bon nombre de releases. Debian propose même plusieurs outils pour chacune de ces tâches, laissant aux administrateurs le choix de la solution la plus appropriée à leurs besoins, chaque solution n’ayant pas forcément les mêmes tenants et aboutissants », nous précise Mike Hommey, développeur Debian.

 

 

Red Hat Enterprise Linux 6.3_released

 

Red Hat Enterprise Linux
Basé à Raleigh, aux États-Unis, Red Hat est le premier fournisseur mondial de technologies Open Source et Linux. Il possède des bureaux répartis dans le monde entier. Red Hat domine le monde des applications Linux et Open Source en rendant accessible une technologie de haute qualité à moindre coût. Les principaux atouts techniques de Debian peuvent être repris pour RHEL. Il s’agit d’une plate-forme professionnelle fiable, sécurisée et innovante, proposant des solutions performantes pour les serveurs et stations de travail. La dernière mouture utilise même une technologie mémoire issue des supercalculateurs pour améliorer le rendement lié à la charge de travail.
Elle fournit toutes les fonctionnalités de messagerie, web, bureautique, partage, impression et base de données indispensables à la bonne marche d’une entreprise, s’intègre dans la plupart des environnements matériels (IBM, HP, Oracle…), permet la virtualisation totale d’un système en intégrant nativement l’hyperviseur KVM, contrôle et protège efficacement vos données stratégiques, et donne la possibilité de construire une solution de type Cloud Computing.
Enfin, la qualité du support technique de Red Hat envers ses clients n’est plus à démontrer. Il y a quelques mois, ‘éditeur a annoncé que le support passait à 10 ans, un gage de sécurité pour les entreprises et un atout majeur par rapport à la concurrence qui limite son support à 7 ans au maximum.
SuSE Linux
La première version est apparue début 1994 en Allemagne, faisant de SuSE la plus ancienne distribution commerciale encore existante. En 2003, elle est rachetée par l’américain Novell. Huit ans plus tard, cette société est à son tour rachetée par Attachmate, qui sépara SuSE de Novell. Ainsi, SuSE est à nouveau une entreprise indépendante. Le nom « S.u.S.E » était originellement un acronyme allemand pour « Software und System-Entwicklung », signifiant « Développement de logiciels et de systèmes ».
SuSE est leader dans le domaine SAP et MainFrame. Elle domine le marché chinois et elle est bien implantée en Allemagne, en Italie et dans l’Europe de l’Est. SuSE a remporté récemment de grands succès auprès de partenaires comme Dell, HP ou VMWare.
Il existe différentes versions, de la grand public (OpenSuse) à celles adaptées aux particularités de certains secteurs d’activité. Il y a notamment SuSE Linux Enterprise Server (serveur, clusters…) et SuSE Linux Enterprise Desktop — SLED (bureautique). Elles se différencient par le fait qu’elles sont beaucoup plus ciblées (avec des logiciels appropriés) et s’appuient sur un cycle de développement plus long (24 à 36 mois) qui limite les risques de dysfonctionnements.
Ces trois distributions présentent des avantages indéniables aux yeux des entreprises : stabilité, robustesse des logiciels, compatibilité avec de nombreuses architectures informatiques et périphériques…
Autre atout : l’absence de codes malveillants ? En matière de sécurité informatique, c’est le sujet le plus polémique. Dès qu’on évoque la multiplication des codes malveillants qui attaquent essentiellement les différents systèmes d’exploitation de Windows (car ils sont majoritaires), il y a une réaction automatique qui apparait dans les forums : « passez sous GNU/Linux et vous n’aurez plus de soucis avec ces virus ».
« Dans l’absolu, GNU/Linux est plus sûr, mais si on l’utilise correctement c’est-à-dire pas en mode « administrateur » (Root) et si on met à jour régulièrement son système. Mais sous Windows, la situation est identique, car de nombreuses personnes utilisent le compte administrateur et ne téléchargent pas toujours les mises à jour recommandées », constate Éric Filiol, Directeur du laboratoire de virologie et de cryptologie opérationnelles à l’ESIEA (une école informatique située à Paris et Laval). La structure « technique » de GNU/Linux limite également la propagation d’un code malveillant.
Quel que soit le système d’exploitation installé sur un ordinateur ou un serveur, l’une des meilleures protections reste le comportement de l’utilisateur : ne pas cliquer sur n’importe quelle pièce jointe ou lien internet. Il doit aussi utiliser différents mots de passe « forts » (composés de lettres en majuscule, minuscule, de chiffres et de symboles) et mettre à jour en permanence son système d’exploitation et tous ses différents logiciels.

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