Le DSI devient un coach

La transformation digitale oblige le DSI à s’adapter en devenant moins un acteur exécutif qu’un stratège. Il doit faire de l’évangélisation afin accompagner la mutation technologique. Entretien avec Véronique Daval, présidente du Club Décision DSI.

 

Propos recueillis par Philippe Richard

 

 

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Pouvez-vous nous présenter le Club Décision DSI fondé en 2007 ?
La vocation de notre club est d’être le pendant du Lion’s club de l’informatique. Indépendant de tout magazine et de tout partenaire technologique, notre ambition est de créer un club humaniste qui s’appuie sur des valeurs partagées : le sens de l’engagement, le partage et l’honnêteté. Nous souhaitons aider et soutenir les DSI dans leur rôle dynamique de création de valeurs pour l’entreprise.
Le club est administré par un bureau composé de 12 DSI membres (dont Gilles Berthelot, responsable de la sécurité des systèmes d’information de la SNCF). Chacun anime ce que nous appelons un District qui regroupe une centaine de membres centrés sur un secteur donné.
Aujourd’hui, notre club compte 1200 membres sociétaires de moyennes (supérieures à 300 salariés) et grandes entreprises sur Paris et l’île de France. Mais notre vœu est de devenir européen afin de pouvoir échanger les expériences de chacun en se rapprochant de clubs existants. Tous les secteurs sont représentés au club, aussi bien le secteur privé (agro alimentaire, automobile, Banque, Assurance, BTP, distribution, industrie, Industrie pharmaceutique, chimie, énergie, loisirs, luxe…) que public (ministères, conseils généraux, conseils régionaux, mairies, hôpitaux, université…).

Nous ne comptons pas de PME, car les problématiques ne sont pas les mêmes entre un DSI qui gère 500 ou 1000 personnes et un responsable informatique d’une entité qui n’en compte qu’une cinquantaine.
Le club a évolué depuis un an et demi, car nous tenons compte de l’impact du numérique dans tous les secteurs. Nos discussions portent notamment sur les modèles économiques qui sont bouleversés par la révolution numérique.

 

cluddecisiondsi

 

Dans ce contexte, quelles sont les nouvelles priorités des DSI ?
Les données sont devenues un enjeu clé pour les entreprises. Elles doivent penser à leur stratégie sur internet et les réseaux sociaux, au renforcement de l’expérience client avec la personnalisation, à l’omnicanal, au big data… Cette transformation oblige le DSI à trouver sa place. Dans les grandes entreprises, c’est assez simple, car les directions générales ont compris les enjeux de l’informatique et du numérique. Elles ont perçu ces mutations. Certes, il y a encore quelques directions financières pour lesquelles l’informatique et la sécurité ne sont que des coûts qu’il faut réduire. Mais cette attitude est de plus en plus rare, car le développement de la mobilité et du télétravail, en particulier, génère des risques externes, mais surtout internes. Ces menaces impliquent la mise en place d’une politique de sécurité et donc des investissements. Par ailleurs, la situation évolue favorablement depuis deux ans environ avec de plus en plus de DSI dans les comités de direction,
Dans ce contexte, le DSI reste un maillon essentiel, mais sa mission évolue. Il doit faire de l’évangélisation afin accompagner la mutation technologique et révolutionner le quotidien dans l’entreprise.
Nous sommes encore à un carrefour. Toute transformation prend du temps. Les DSI doivent multiplier les échanges et le dialogue aussi bien en comité de direction qu’à la machine à café ! Dans certaines entreprises, les salariés ne connaissent pas la fonction de DSI. Il y a un effort général de communication à mener.

 

 

Club Decision DSI Universite des DSI Club DSI 2015

 

DSI et Chief Digital Office sont-ils en concurrence ?
Non. Pour le DSI, l’arrivée du CDO représente une initiative positive dont l’objectif est de faire avancer l’entreprise. Mais pour l’instant, seules les grandes entreprises du CAC 40 commencent à créer de telle fonction. Ce CDO, ou chef de la direction numérique, est là pour aider les entreprises à stimuler la croissance en convertissant les outils « traditionnels » au numérique. Par conséquent, il ne doit pas se contenter d’être un visionnaire, il doit communiquer à tous les étages, comme le DSI dans les entreprises qui ne sont pas des grands comptes. Pour atteindre son objectif, le CDO doit pouvoir s’appuyer sur le DSI, le marketing et évidemment la direction générale.
Dans les entreprises moins importantes que celles du CAC40, c’est le DSI qui épouse ce rôle en faisant de l’évangélisation auprès de tous les services (la DRH, le directeur financier, le DG…) et lors des réunions de direction. Il doit aussi « marketé » son service en abandonnant petit à petit la fonction de « back office » qu’il avait auparavant. Il doit créer les conditions de collaboration et de coopération avec ces différents services en diffusant les meilleures pratiques digitales.
Ce n’est pas du temps supplémentaire ; c’est une nouvelle attitude.

 

 

Bio Express
Âgée de 61, Véronique Daval a fait presque toute sa carrière dans le secteur informatique, en France et aux États-Unis. Elle est titulaire d’une maitrise en
science économique.

 

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